Plaidoyer : « Nous devons briser le silence de la non dénonciation de ces « arrangements adultes » souvent négociés au détriment du rétablissement de l’enfant victime dans ses droits. »

Plaidoyer : « Nous devons briser le silence de la non dénonciation de ces « arrangements adultes » souvent négociés au détriment du rétablissement de l’enfant victime dans ses droits. »

 

Le premier vice-président de l’Assemblée nationale s’insurge contre les circonstances aggravant les actes de violence. Selon le ministre des Affaires sociales, 2478 enfants dont 1074 ayant subi des sévices corporels, 977 victimes d’exploitation économique, et 427 victimes de viol parmi lesquels 98 garçons.

 

 

Par Florentin Ndatewouo

 

 

L’ampleur des violences perpétrées sur les enfants n’est plus à démontrer. Les chiffres sont évocateurs. Les données fournies par le bulletin d’informations statistiques et sociales (Biss) publié par le ministère des Affaires sociales pour le compte du 4ème trimestre de l’exercice 2020 présentent une prise en charge multiformes. 2478 enfants dont 1074 ayant subi des sévices corporels, 977 victimes d’exploitation économique, et 427 victimes de viol parmi lesquels 98 garçons.

Les autorités publiques se disent inquiètes face à ce phénomène. Au cours de la séance plénière spéciale organisée ce 16 juin à l’hémicycle du Palais de Congrès de Yaoundé, le ministre des Affaires sociales (Minas) revient sur les formes de violences auxquelles sont sujets les enfants.

Pauline Irène Nguene fait référence aux avis du Comité d’experts des droits et du bien-être de l’enfant de l’Union africaine : « la violence envers les enfants peut prendre plusieurs formes et peut se produire dans la sphère privée, à l’école, au sein des communautés ou à domicile. » Ainsi, le Minas note pour le déplorer, les formes de châtiments corporels, de travail forcé ou nuisible, de traite, de pratiques traditionnelles, de mutilations génitales féminines, de mariages des enfants, de tests de virginité, de repassage des seins, de tueries d’enfants dits sorciers, d’exploitation sexuelle.

 

 

 

« Oui, nous devons briser le silence de l’indifférence, qui n’est pas loin de la complicité, face à tous ces enfants victimes des actes de violences autour de nous… »

 

 

Une situation face à laquelle la représentation nationale ne saurait légiférer pour la loi du silence : « Oui, nous devons briser le silence de l’indifférence, qui n’est pas loin de la complicité, face à tous ces enfants victimes des actes de violences autour de nous. Nous devons briser le silence de la non dénonciation de ces « arrangements adultes » souvent négociés au détriment du rétablissement de l’enfant victime dans ses droits. » Dans son discours de circonstance, Hilarion Etong, regrette la situation des enfants négligés, abandonnés à eux-mêmes, et appelés à assumer des fonctions adultes à l’âge où ils ont encore besoin d’être encadrés par leurs parents.

Echanges de discours entre le ministre des Affaires sociales, Pauline Irène Nguené, et le premier-vice préisdent de l'Assemblée nationale, Hilarion Etong à l'hémicycle au Palais des Congrès de Yaoundé/16/06/2021.

Le premier vice-président de la chambre basse du Parlement met en avant, les conséquences des violences perpétrées sur cette couche sociale, «(…) avec la recrudescence du nombre d’inadaptés sociaux, enfants délaissés ou vivant dans la rue, ou encore recourant eux aussi à la violence pour résoudre certains problèmes auxquels ils sont confrontés, reproduisant ainsi ce qu’ils ont subis. »

L’organisation ce 16 juin d’une séance plénière spéciale à l’Assemblée nationale sur le plaidoyer en vue du renforcement du cadre législatif et institutionnel pour une meilleur protection des droits des enfants vise à infléchir la courbe des violences enregistrées. Elle coïncide avec la célébration de la 31 édition de la journée de l’enfant africain. Au plan national, la commémoration de cette journée est placée sous le thème : « Protéger chaque enfant contre la violence, l’exploitation, les négligences et les abus : une priorité pour le gouvernement camerounais »

La Convention des Nations Unies relative aux droits de l’enfant, ratifiée par le Cameroun, relève en son article 09 (1), « les Etats parties prennent toutes les mesures législatives, administratives, sociales et éducatives appropriées pour protéger l’enfant contre toute forme de violence, d’atteinte ou de brutalités physiques ou mentales, d’abandon ou de négligence, de mauvais traitements ou d’exploitation, y compris la violence sexuelle, pendant qu’il est sous la garde de ses parents ou l’un d’eux, de son ou ses représentants légaux ou de toute autre personne à qui il est confié. »