Affaire Amadou Vamoulke, Polycarpe Abah Abah : La défense fait bloc

Affaire Amadou Vamoulke, Polycarpe Abah Abah : La défense fait bloc

Me Bidjocka, Avocat, nouvellement constitué pour la défense de l'accusée, Antoinette Meyeng Meyoa, demande un renvoi pour une durée d'un mois. Ceci, à l'effet de prendre ample connaissance du dossier. A l’audience de ce 09 novembre au Tribunal criminel spécial (Tcs) à Yaoundé, il est appuyé dans sa requête par Me Antoine Mong, Avocat de Polycarpe Abah Abah. Ce dernier estime que « (…)les droits de la défense sont sacrés. » 

 

Par Florentin Ndatewouo

La demande de renvoi formulée par Me Bidjocka est au centre de vives polémiques. L’Avocat de l’accusée Antoinette Menyeng Meyoa sollicite un renvoi pour une durée d’01 mois. Ce, à l’effet de mieux s’imprégner du dossier de procédure.

Me Bidjocka est nouvellement constitué. Dans le cadre de cette procédure, il substitue à son confrère, Me Mbeng. Ce dernier est  absent depuis près de deux mois, pour des raisons de santé. « Monsieur le président, honorables membres de la collégialité, Nous nous en excusons. Le dossier est assez volumineux. La santé et la liberté sont ici au centre de notre demande. La santé de Me Mbeng et la liberté de notre cliente. »

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En dépit de cette requête, le Tribunal est déterminé à poursuivre l’instruction de la cause : « Nous avons arrêté 04 jours pour les plaidoiries de la défense. Nous souhaitons que ceux qui sont prêts puissent commencer. Me Bidjocka a assisté à quelques audiences. Le problème n'est plus à son niveau. » Le président de la collégialité justifie sa démarche par des contraintes de temps « Nous avons un problème de délai. Je ne veux pas revenir sur l'incident de tout à l'heure, mais nous avons été obligés de suspendre une autre audience avant la tenue de celle-ci. Cette affaire est pendante depuis longtemps. » Tout en admettant que « cela peut causer une entorse », le président du tribunal invite Me Antoine Mong à prendre la parole pour défendre les intérêts de son client.

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«  Nous pensons qu'il est bon qu'un délai soit accordé à notre confrère, afin qu'il puisse s'imprégner du dossier et mieux défendre sa cliente, même s'il faut bousculer le planning. » Me Antoine Mong, Avocat de l’accusé Polycarpe Abah Abah.

« Monsieur le président, les droits de la défense sont sacrés. Cela fait pratiquement 06 ans que nous sommes devant ce tribunal. Si la nouvelle défense de madame Essomba sollicite un délai de 30 jours, nous pensons qu’on devrait le lui accorder. Elle doit non seulement prendre connaissance de l’extrait du plumitif, mais aussi, les pièces admises au dossier de procédure comme pièces à conviction. En plus, Me Bidjocka n’a pas que cela à faire. » A l’appui de cette requête, Me Antoine Mong évoque l’infraction de coaction de détournement de biens publics, dont est l’objet dame Meyoa, et Amadou Vamoulke. Au soutien de sa demande, il convoque la notion de préséance, comme l’un des principes qui régit le fonctionnement du Barreau : « Si dans nos traditions les aînés interviennent vers la fin, c'est parce qu'ils ont le devoir d'arrondir les angles. Nous ne souhaitons pas intervenir avant les plus jeunes. C'est pourquoi nous appuyons la demande de Me Bidjocka, nouvellement constitué. » Et Me Mong de renchérir : « Nous pensons qu'il est bon qu'un délai soit accordé à notre confrère, afin qu'il puisse s'imprégner du dossier et mieux défendre sa cliente, même s'il faut bousculer le planning. »

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Le Ministère public s’inscrit en porte à faux : « Monsieur le président, nous pouvons comprendre qu'en l'absence de Me Mbeng, qui jusque-là était constitué pour la défense des intérêts de Madame Menyeng Meyoa, la défense puisse solliciter qu'un temps supplémentaire soit concéder pour défendre ladite accusée.  Autant, le Ministère public affirme que les accords entre conseils de la défense, accords auxquels il n'est pas partie ne sauraient lui être opposés. » En conséquence, « le Ministère public s'oppose formellement  à la demande de renvoi formulée par Me Mong qui trouveraient leur origine dans les règles qui régissent le fonctionnement du Barreau. » En outre, « (…) que les différentes dates de renvoi, à savoir, 09, 10, 14 et 15 novembre soient maintenues, afin que conséquemment, l'ordre d'appel des accusés dans cette procédure soit respecté, pendant cette phase de plaidoirie » , requiert le représentant du Parquet général près le tribunal de céans. 

 

 

 

 

« Qu'à ma demande qu'on ignore, et qu'on traite d' « accords », les usages du Barreau, je vois là l'image de l'Avocat qu'on donne dans notre pays. »Me Bidjocka, Avocat d’Antoinette  Meyoa

 

 

 

 

A la suite des différentes interventions, le président se concerte tour à tour avec ses collègues de la collégialité. Il est interrompu par Me Bidjocka. La partie défenderesse souhaite réagir à l’intervention de l’Avocat général : « Monsieur le président, nous sommes gênés en ce qui concerne les réquisitions du Ministère public, parce que de  tout ce qu'il a dit, il n'a pas fait allusion à nous, Me Bidjocka, Avocat au Barreau du Cameroun. » Problème ? « Pour nous, c'est un manque de respect, parce que nous ne pouvons pas nous constituer dans un dossier aussi complexe et voir notre constitution être ignorée. » Me Bidjocka ne décolère pas : « Nous aurions pu demander au tribunal de demander au Ministère public de revoir cette position. » A l’écoute de cette récrimination, l'Avocat général oppose un rire de raillerie. Me Bidjocka poursuit tout de même : «  L'Avocat que je suis agit dans le cadre de la loi et du règlement intérieur du Barreau. Dans ces textes, monsieur l’Avocat général, il y a les usages et non des accords. Et nous disons, monsieur le président du tribunal, honorables membres de la collégialité, traiter les usages d' « accord », est un mépris à l'égard de notre prestigieuse institution. Cela ne doit pas être possible dans un État comme le Cameroun. » Le défenseur de dame Meyoa se livre ensuite à un questionnement : « Pourquoi notre demande pose problème ? Est-ce parce que c'est un Avocat qui se constitue nouvellement, ou non présent à une audience qui fait problème ? Est-ce que si cela avait été un membre de la collégialité ou un représentant du Ministère public qui avait été absent ou substitué, on aurait réouvert les débats ? »  Me Bidjocka exprime une fois de plus, sa frustration « Qu'à ma demande qu'on ignore, et qu'on traite d' « accords », les usages du Barreau, je vois là l'image de l'Avocat qu'on donne dans notre pays. » A la suite de l'intervention de la partie défenderesse,  le tribunal annonce la suspension de l’audience. La collégialité se retire pour délibérer pour une durée de 20 minutes. De retour en salle d’audience, la collégialité se concerte à nouveau.

La demande de renvoi formulée par Me Bidjocka n’est pas retenue. Ainsi, l’instruction de la cause est maintenue aux 10, 14 et 15 novembre prochains, comme l’a requis le représentant du Parquet général.

Dans le cadre de cette procédure, Amadou Vamoulke, Polycarpe Abah Abah, Antoinette Meyeng Meyoa répondent des faits présumés de détournement de biens publics en coaction.